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19 février 2013 2 19 /02 /février /2013 22:51

     This Must be the Place, comédie dramatique de Paolo Sorrentino. Avec Sean Penn, Frances McDormand, Judd Hirsch,  Eve Hewson…

La note de Tranches de Ciné : 4,5/5 this-must-be-the-place_i01.jpg

 

     Le pitch : Cheyenne (S. Penn) est une ex-rock star qui, malgré les années, garde le style gothique de sa jeunesse. En fait, Cheyenne n’est pas vraiment adulte. Il vit de ses rentes en Irlande, traîne avec une jeune gothique et ne semble pas avoir de responsabilités. Mais un jour, Cheyenne se retrouve face à une situation qui va le conduire sur les routes des Etats-Unis où il fera des rencontres inattendues qui, finalement, le marqueront pour de bon. 

 

     La critique : Je ne connaissais pas Paolo Sorrentino avant de voir This Must be the Place mais il n’y a néanmoins plus aucun doute à avoir sur le fait que ce réalisateur est un des mes coups de coeur des dernières années.

     Avec ce film, Sorrentino signe une œuvre à la fois universelle et personnelle. On sent qu’il va chercher les émotions au plus profond de lui-même. Il le faut pour savoir les retranscrire à l’écran comme il le fait si bien. Mais en même temps, il touche tout le monde, non seulement via ces émotions, mais aussi à travers une sorte de réflexion que tout le monde s’est peut-être déjà faite. Il s’agit de savoir quelles sont nos responsabilités, quel sens nous donnons à nos vies. Car c’est bien là ce qui tracasse le personnage de Cheyenne : il n’a plus de sens à donner à sa vie. Il se sent (et on le ressent un peu comme ça aussi au début du film) comme une personne effacée, sans originalité ni exceptions. Et cela va notamment éclater au visage du spectateur lors de cette scène à la fois belle et triste où Cheyenne retrouve un ancien ami et (pour la première et dernière fois) s’énerve et dit tout ce qu’il pense de lui-même. Et c’est d’ailleurs là que ce personnage prend toute sa dimension. Il devient alors beaucoup plus que l’espèce de junkie complètement à la ramasse que l’on avait l’impression de suivre dès le départ. Cette fois, il n’y a plus d’échappatoire : on va suivre Cheyenne d’un bout à l’autre. On va rire, s’étonner et s’attrister avec lui. De son côté, le scénario sert parfaitement ce personnage. Il avance tranquillement (s’accordant parfois quelques petites longueurs) mais il avance sans arrêt. L’histoire défile sans accrocs et s’organise très bien, soulevant par-ci par –là quelques thèmes, quelques réflexions qui viennent finalement étoffer l’atmosphère du film.

     Côté casting, Sean Penn est tout bonnement parfait. Complètement en dehors de ses rôles habituels de mecs plutôt rudes, il incarne ici un personnage emprunt de douceur et de calme. Et il le fait si bien ! C’est tout à fait inattendu de le voir dans ce registre-là mais Sean Penn a du talent et le prouve ici. Il porte le film sur ses épaules et n’a pas droit à l’erreur. Or, il n’en commet aucune. Même cette voix qu’il donne à son personnage, alors qu’elle peut déstabiliser au début, devient un élément à part entière de l’identité de ce dernier. Sean Penn compose complètement autour de son personnage et cela fait sans doute de ce rôle l’un des plus importants de sa carrière. Mais on n’oubliera pas les différents seconds rôles du film, comme Frances McDormand ou (la gothique) notamment. Tous sont relativement effacés derrière le personnage de Cheyenne mais cela n’empêche pas ces acteurs et actrices de s’exprimer et de jouer à jeu égal avec un Sean Penn en très grande forme.

     Paolo Sorrentino offre donc à ses spectateurs une œuvre originale, quelque part entre la comédie dramatique et de le road movie.

 

     Le "Oh, au fait !" :

     David Byrne, leader du groupe Talking Heads joue ici son propre rôle.

     Pour convaincre Frances McDormand d'incarner Jane, la femme de Cheyenne dans le film, Paolo Sorrentino lui a affirmé que si elle refusait, Cheyenne serait un personnage soit divorcé, soit veuf.

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