Bienvenue sur Tranches de Ciné. Ce blog a pour but de vous faire découvrir ou redécouvrir des films de tous genres.
Stupeur et tremblements.
Après les échecs cuisants connus par Joel Schumacher, je l'ai dit, l'idée de porter à nouveau Batman à l'écran n'est pas totalement morte mais elle n'est pas non plus vraiment vigoureuse. Pourtant, le projet Batman Triumphant est bien là. Et s'il se fait silencieux pendant quelques années, il va reprendre de la vigueur au tout début des années 2000. Dès lors, il se murmure de plus en plus que Warner prépare une nouvelle aventure de Batman. Aussitôt, tout le monde s'enflamme et les rumeurs se propagent à une vitesse folle. A l'époque, on commence à lire des "infos" disant que le prochain Batman se ferait avec les costumes de la série originale avec Adam West. Si cette rumeur semble déjà à l'époque (et encore plus aujourd'hui) ridicule, il y a quand même du vrai là-dedans car, sans le savoir, on annonçait déjà ce qu'allait être Batman Begins, à savoir une remise à zéro. Ensuite, des rumeurs circulent concernant les méchants : l'Epouvantail, un Joker ressuscité, Harley Quinn...
Mais ce qui suscite le plus d'attention et de rumeurs, c'est bien évidemment la liste des personnes que l'on verra engagées sur ce projet inespéré. Côté acteurs, Warner
ayant fait part de son envie de voir un acteur jeune endosser le rôle de Batman, on entend les noms de Joshua Jackson, Ashton Kutcher, Jake Gyllenhaal, David Boreanaz, John
Cusack, Guy Pearce, David Duchovny ou encore Cillian Murphy... Même Clint Eastwood sera cité dans les hypothèses à une époque où l'on a cru que le film parlerait d'un
vieux Bruce Wayne... Sur un plan plus féminin, Natalie Portman et Sarah Michelle Gellar font partie des actrices envisagées dans ce projet. Le choix du réalisateur s'avère aussi
délicat et sujet à de folles hypothèses : Clint Eastwood (encore lui), les frères Wachowki (qui auront finalement préféré s'attaquer à leur trilogie
Matrix)...
Finalement, le film est produit en 2005 et les noms définitifs sont enfin connus : Christopher Nolan à la réalisation, Christian Bale pour Batman, Gary Oldman pour Gordon, Michael Caine pour Alfred... Des noms finalement assez peu connus du grand public pour la plupart (mis à part Michael Caine, Gary Oldman et Morgan Freeman, on ne connaît pas grand-monde ici à l'époque) alors qu'ils sont déjà associés à plusieurs succès. Nolan a été le réalisateur talentueux de films assez confidentiels (mais depuis devenus recherchés) comme Following - Le Suiveur (1998) ou Memento (2000) maus aussi et surtout du thriller Insomnia (2002) qui lui vaut un certain renom. Christian Bale quant à lui s'est fait connaître grâce à des films comme American Psycho (2000), Le Règne du Feu (2002) ou encore The Machinist (2004)...
Batman, sauvé du bide.
Le film, d'un budget de 150 000 000$ (preuve que l'on fait vraiment confiance à Nolan pour redorer l'image du super-héros), sort le 15 Juin 2005 et se place immédiatement en tête du box-office américain, où il rapportera finalement 205 343 744$ sur toute la durée de son exploitation. Mondialement parlant, Batman Begins est un succès que l'on espérait plus : 371 853 783$. Christopher Nolan a réussi son coup avec un brio incontestable.
Mais surtout, ce qui a fait la réussite de ce reboot, c'est sans doute l'approche que le cinéaste a eu de cet univers. Il a repris Batman et l'a complètement refondu. S'il se rapproche de celui forgé par Tim Burton à l'époque, il lui donne une identité propre à ce qui s'avèrera être une nouvelle saga. Nolan a fait de Batman ce qu'il a toujours été finalement : un être en quelque sorte schyzophrénique (fait accentué par la voix rauque qu'il fait prendre à Batman) dont la personnalité n'est pas entière quand il est Bruce Wayne, ni quand il est Batman. Non, ce n'est pas réellement un personnage binaire car celui qu'il est vraiment se situe quelque part entre ses deux identités propres. Mais il n'y a pas que le personnage de Batman qui a bénéficié de cette refonte. Tout son univers est retouché, à commencer par Gotham City. Celle qui était devenue une ville bariolée et grotesque est redevenue la cité moderne qu'elle se doit d'être. Plus contemporaine, elle reprend elle aussi du poil de la bête et devient bien plus réaliste que jamais. Car le réalisme est le maître-mot de ce nouveau film (et de la saga qui va avec). On est là dans un univers proche du notre, avec les dangers que notre monde connaît. Par exemple, les méchants ne sont plus des méchants : ce sont des terroristes (le terme est employé plus d'une fois dans la saga), même si on retrouve toujours l'Epouvantail, le Joker ou, plus récemment, Bane.
Suites et fin...
Fort de ce succès qui fait oublier les échecs connus 10 ans plus tôt, Christopher Nolan rempile logiquement. C'est ainsi que Warner lui donne la possiblité de
réaliser les deux suites que le cinéaste espérait mener à bien. La première sera l'incontournable
The Dark Knight - Le Chevalier Noir,
sorti en 2008. Très attendu par les spectateurs, ce deuxième volet ne devait pas faire moins bien que le précédent, le risque étant trop grand de perdre des spectateurs qui, bien que parfaitement
convaincus par le premier volet, ont encore en mémoire les déboires de Schumacher. Heureusement, Christopher Nolan a du talent. Tout le casting de Batman Begins, à l'excéption de Katie
Holmes, remplacée par Maggie Gyllenhaal, est de retour et s'ettoffe encore un peu plus avec l'arrivée de Heath Ledger dans le rôle du Joker.
Avec cette première suite, le constat est simple et efficace : 180 000 000$ de budget et 1 001 766 850$ de recettes. The Dark Knight explose tout ou presque, se plaçant
aisément en 2ème position des films les plus lucratifs sur le territoire américain et en 4ème place dans le même classement à échelle mondiale. Ce que Nolan avait fait de bien auparavant, il l'a
repris ici et l'a transcendé. Il construit peu à peu une légende, un mythe exceptionnel qui place la barre très (très) haut. Tout est parfaitement maîtrisé dans ce film où le réalisme reste
toujours présent et où la peur, thème du premier épisode, laisse la place au chaos. Cette fois c'est sûr, Batman n'a plus rien à craindre. Oubliées les erreurs de Schumacher, le super-héros
revient sur le devant de la scène et inspire ses camarades. Spider-Man, Superman, les Avngers (ensemble ou non)...tous passent ou vont passer à la moulinette du cinéma hollywoodien de cette
décennie. Nolan a lancé un mouvement d'une ampleur exceptionnelle.
Mais comme tout a une fin, le 25 Juillet dernier est sorti The Dark Knight Rises, dernier opus de la trilogie de Nolan qui, entre ses différentes bat-aventures, a tout de même tourné Le Prestige et
Inception, deux succès également. A l'heure actuelle, on ne peut pas encore dresser de bilan définitif de ce film mais on sait déjà que, pour un budget de 250 000 000$, il a déjà dépassé
les 576 000 000$ de recettes dans le monde. Christopher Nolan conclut sa trilogie en poursuivant le schéma qu'il a commencé à tracer dès le premier film. Batman est plus seul et brisé que jamais
et Gotham City est au bord de l'implosion. Le cinéaste a définitivement réussi à remettre Batman sur le piédestal qu'il mérite. Et si l'on sait aujourd'hui que Nolan et Bale affirment en avoir
fini avec l'homme chauve-souris, on ne peut que les remercier d'avoir su en faire ce héros inoubliable.
Christopher Nolan a donc été l'homme providentiel qui a su remettre la machine en marche à plein régime pour faire de sa trilogie un succès critique et commercial, ce qui n'était plus le cas depuis plus de 10 ans. Si l'on ne peut pas oublier l'oeuvre accomplie par Tim Burton autour du héros, celle de Joel Schumacher le sera facilement face à cette débauche de talent et de spectacle tant attendue.